Le gouvernement canadien renforce ses capacités de défense et de surveillance dans l’Arctique en mettant l’accent sur l’utilisation des ressources spatiales et des nouvelles technologies.
La ministre canadienne de la Défense, Anita Anand, a déclaré que le budget 2022 du gouvernement fédéral, publié le 7 avril, contient 252 millions de dollars canadiens (199 millions de dollars) pour commencer la recherche sur la modernisation de la collaboration canado-américaine. Système d’alerte nord dans l’Arctique. En outre, cet argent sera utilisé pour la recherche sur les communications à longue portée et les systèmes radar au-dessus de l’horizon pour la région nord.
Anand avait déjà indiqué que d’autres annonces sur de nouveaux projets liés à l’Arctique sont encore à venir. Lors d’une comparution le 4 avril devant le comité de la défense du Sénat canadien, Anand a noté que l’invasion de l’Ukraine par la Russie et les préoccupations concernant les activités russes dans l’Arctique sont à l’origine du nouveau financement.
« Le climat actuel de défense et de sécurité a également souligné que nous devons en faire plus pour renforcer nos défenses au Canada et en Amérique du Nord en général », a-t-elle déclaré. « À cette fin, dans les mois à venir, nous présenterons un ensemble robuste d’investissements pour renforcer notre défense continentale en étroite coopération avec les États-Unis. »
Lors d’une réunion le 29 mars avec le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, Anand a souligné que la modernisation des capacités du Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord est une priorité clé pour le gouvernement canadien. Une grande partie de cette modernisation sera axée sur la mise à niveau du Système d’alerte du Nord ou NWS.
Le NWS a été construit entre 1986 et 1992 et se compose d’une série de sites radar de défense aérienne à longue et courte portée. Quarante-sept des 50 sites sont situés dans l’Arctique canadien.
Les responsables canadiens et américains de la défense doivent encore déterminer les détails de la modernisation, mais le coût estimé d’un tel projet devrait être d’environ 10 milliards de dollars.
« Vous envisagez un effort pluriannuel ici, travaillant évidemment main dans la main avec nos alliés pour établir des priorités et atterrir sur des plans spécifiques », a déclaré le sous-ministre de la Défense nationale du Canada, Bill Matthews, aux sénateurs.
Toutefois, dans une entente conclue le 21 août 2021, le Canada et les États-Unis ont établi des domaines d’investissement prioritaires. Il s’agit notamment de la connaissance de la situation, en particulier pour les approches arctiques et maritimes du continent. Cela verrait le remplacement du système d’alerte nord par des solutions technologiques plus avancées dès que possible, y compris des systèmes radar au-dessus de l’horizon de prochaine génération, ont souligné les deux pays dans un communiqué publié à l’époque. Des capteurs ont également été inclus à la fois pour le fond marin et dans l’espace. « Le système d’alerte Nord existant doit être maintenu jusqu’à ce que des capacités de remplacement appropriées soient en place », ont noté les deux pays.
Il convient également d’examiner un système de commandement et de contrôle modernisé qui comprendrait des communications robustes et résilientes pour les endroits éloignés à l’appui des missions du NORAD.
De plus, des membres de l’industrie canadienne de la défense et de l’aérospatiale ont été informés par des représentants du ministère canadien de la Défense le 7 avril de certaines des initiatives spatiales qui iront de l’avant à l’avenir.
L’un des programmes clés est le Projet de communications par satellite améliorées – Polaire (ESCP-P). Cela impliquera un satellite pour fournir un accès fiable et sécurisé aux communications pour l’Arctique.
Les travaux initiaux sur le projet, qui fournira des capacités de communication à bande étroite et à large bande, devraient commencer l’année prochaine, selon la séance d’information fournie à l’industrie par Cam Stoltz, directeur des besoins en espace au ministère de la Défense nationale.
Le budget doit encore être fixé, mais le ministère de la Défense a estimé qu’il pourrait atteindre 4,9 milliards de dollars canadiens.
À un moment donné, le gouvernement canadien envisageait de mettre en orbite une constellation de satellites pour assurer les communications de l’Arctique et recueillir des données météorologiques de la région. Ce projet s’est avéré trop intimidant et a été annulé en 2016. Au lieu de cela, le Canada a décidé de se concentrer uniquement sur les capacités de communication, le résultat étant ESCP-P. D’autres pays ont également exprimé leur intérêt à travailler avec le Canada sur l’ESCP-P, notamment la Nouvelle-Zélande, le Danemark, la Norvège, les États-Unis et la France.
Le système devrait fonctionner à partir de 2034 et sera interopérable avec le département américain de la Défense et l’OTAN.
Les travaux commenceront également l’an prochain sur le projet de surveillance renforcée de la défense depuis l’espace (DESSP). Ce système spatial assurera la surveillance de l’Arctique canadien et de ses approches maritimes, car il est conçu pour être une mise à niveau des capacités de défense actuellement fournies par la mission de constellation RADARSAT.
La mission de constellation RADARSAT, lancée en 2019, utilise trois satellites d’imagerie radar pour effectuer la surveillance maritime et arctique. Le RCM est également équipé d’un système d’identification automatique (AIS), permettant la détection et le suivi des navires.
Le ministère de la Défense nationale a consulté l’industrie au sujet du DESSP et, en novembre 2021, a reçu des commentaires d’entreprises sur la technologie qui pourrait être disponible pour le projet à l’avenir. Ce sera maintenant aux responsables de la défense de déterminer comment procéder.
Cependant, la capacité opérationnelle initiale du DESSP est envisagée en 2033, a expliqué Stoltz aux responsables de l’industrie.
Cet article a été initialement publié dans le numéro de mai 2022 du magazine SpaceNews.